Cinéma29 août 20230Yannick

Dans Yannick, film de 67 minutes, Quentin Dupieux met en scène un personnage hors norme bien décidé à vivre la soirée la plus divertissante de sa vie.

 Lorsqu’il se lève pour interrompre la représentation d’une mauvaise pièce de boulevard, Le cocu, cet homme (Raphaël Quenard) se présente : « je suis Yannick ». Une affirmation de soi. Il est veilleur de nuit. Pour venir au théâtre, il a dû poser des congés, faire un long trajet en train de banlieue et à pied. Il est venu pour se divertir, mais « le cocu » lui plombe la tête.

 Yannick exige des comédiens (joués par Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne), qu’ils interprètent un autre texte. Ceux-ci se récrient, parviennent à expulser l’intrus, le tournent en dérision. Quand il revient dans la salle, c’est armé d’un revolver.

Yannick tient acteurs et spectateurs en joue. Il se fait remettre un ordinateur et tape le texte de sa pièce, qu’il remet aux comédiens. Pendant que ceux-ci sont supposés apprendre leur nouveau texte, il s’amuse avec le public, s’invite à dîner chez l’un, à dormir chez l’autre, plaisante sur la vie sexuelle d’un couple. Il est chez lui dans ce théâtre, il impose sa volonté.

 On découvrira qu’il n’est pas le seul être fêlé et frustré sur scène ce soir-là. Mais la soirée est sienne. Il est abonné au mépris et à l’invisibilité. Le voici pour un soir, Yannick, auteur et metteur en scène, juge de la performance de «ses » acteurs. Après avoir joué les matamores, on le découvre terrassé par l’émotion devant sa gloire éphémère.

 « Yannick » est un beau film, drôle et touchant, dans lequel les spectateurs trouveront des échos des Gilets jaunes et des récentes émeutes, lorsque déborde la coupe du mépris. Les acteurs, en particulier Raphaël Quenard, sont remarquables.

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