LivresMonde Arabe26 octobre 20140À Damas ensemble contre l’épidémie en 1348

Au moment où augmentent les craintes de l’épidémie d’Ebola, où la guerre fait rage en Syrie et où s’aiguisent les haines religieuses, il est bon de lire le récit du séjour à Damas du voyageur Ibn Battûta (ابن بطوطة ), né en 1304 et mort en 1377.

Originaire de Tanger, juriste religieux, Ibn Battûta quitta le Maroc vers l’âge de 20 ans pour effectuer le pèlerinage à La Mecque. Il s’enthousiasma alors pour les voyages au point de parcourir environ 120.000 km en trente ans de pérégrinations jusqu’en Chine et en Inde.

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Il passe par Damas au retour d’un voyage en Extrême Orient à la fin juillet 1348, alors que s’est déclenchée l’épidémie de peste noire qui videra l’Europe et le Moyen Orient d’environ la moitié de leur population.

 Voici le récit des faits dont il a été témoin au cours de son voyage. Le vice roi Anghur Shah ordonne à la population damascène un jeûne. « Aussi la population jeûna pendant trois jours successifs, le dernier étant un jeudi, quand s’assemblèrent dans la Grande Mosquée princes, nobles, juges, théologiens et toutes les autres classes de la population, jusqu’à ce que le lieu soit plein à craquer, et ils y passèrent la nuit à prier et à chanter des litanies.

 Après la prière de l’aube le lendemain matin ils sortirent tous à pied, brandissant des Corans, les princes marchant nu-pieds. Toute la population de la ville se joignit à la procession, hommes et femmes, grands et petits. Les Juifs vinrent avec leur Livre de la Loi et les Chrétiens avec leur Évangile, tous avec leurs femmes et leurs enfants. L’ensemble des participants, priant, suppliant et cherchant la faveur de Dieu à travers Ses Livres et Ses Prophètes, se dirigèrent vers la Mosquée des Empreintes de Pas, et ils restèrent là en supplication et en invocation jusqu’au midi du jour suivant.

 Ils retournèrent ensuite à la ville et célébrèrent l’office du vendredi, et Dieu allégea leur affliction ; car le nombre de morts à Damas en un seul jour n’atteignit pas deux mille, alors qu’au Caire et au Vieux Caire il atteignait le nombre de vingt-quatre mille par jour. »

 (Traduit de « Travels in Asia and Africa, Ibn Battûta, 1325 – 1354, dans la série “The Broadway Travellers »).

 

 

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