L’université de la prison romaine de Rebibbia

Dans « L’università di Rebibbia », Goliarda Sapienza raconte avec passion et humour son séjour au quartier femmes de la prison romaine de Rebibbia en 1980 où elle avait été enfermée à la suite d’un vol de bijoux. Ce récit autobiographique, publié en Italie en 1983, a été traduit en français par Nathalie Castagné en 2013 aux Éditions Le Tripode. Les citations incluses dans cet article ont été traduites par l’auteur de Transhumances.

 La prison de Rebibbia où Goliarda a été incarcérée en 1980 ne ressemblait pas aux maisons d’arrêt françaises. En France, le système pénitentiaire cherche à isoler le plus possible les personnes détenues, à les maintenir dans une cellule, idéalement seules dans un tout petit espace. À Rebibbia, une fois passé le glacial « cheminement d’immersion dans la peine » des premiers jours,  les pièces sont ouvertes. Lors des fêtes entre détenues, on consomme le vin et la bière qu’on a cantinés. Continuer la lecture de « L’université de la prison romaine de Rebibbia »

Le fou de Dieu au bout du monde

Dans « El loco de Dios en el fin del mondo », publié en Français par Actes Sud, l’écrivain espagnol Javier Cercas s’interroge sur la foi de l’Église catholique et sur son devenir, à la faveur d’un voyage du pape François en Mongolie auquel il a participé. Les citations incluses dans cet article ont été traduites par l’auteur de Transhumances.

Ce long ouvrage de 489 pages suit, pour l’essentiel, un ordre chronologique. Bien qu’ouvertement athée – ou probablement à cause de son athéisme – Javier Cercas a été approché par le Département Communication de la Curie, le gouvernement de l’Église, pour accompagner le pape dans son quarante-troisième voyage hors de Rome, du 31 août au 4 septembre 2023. Destination : la Mongolie, pays qui ne compte que 1 500 catholiques. Continuer la lecture de « Le fou de Dieu au bout du monde »

Cette odeur-là

« Cette odeur-là » (1966) est le premier roman de l’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim. Il a été publié en français par Actes Sud en 1992. J’y ai eu accès dans la version anglaise, « That smell », dans la traduction de Robyn Creswell (2013).

Sonallah Ibrahim est mort à l’âge de 88 ans le 13 août 2025. Parmi les romans qu’il a publiés au long de sa vie, j’ai choisi « cette odeur-là » parce qu’il a été écrit au terme de cinq années de détention pour son militantisme au sein du parti communiste sous le régime de Gamal Abdel Nasser. Continuer la lecture de « Cette odeur-là »

L’homme qui lisait des livres

Dans « L’homme qui lisait des livres » (Julliard, juillet 2025), Rachid Benzine raconte la rencontre en 2014 d’un photographe français et d’un libraire dans une ville de Gaza déjà soumise aux bombardements israéliens.

Le libraire se nomme Nabil Al Jaber. Il tient une minuscule échoppe où il vend, et le plus souvent offre, des livres jaunis et écornés par les années. Continuer la lecture de « L’homme qui lisait des livres »