Vieillir en bonne santé

Dans The Guardian du 30 mai, Christopher Thomond interview Tom Kirkwood, Doyen de l’Université de Newcastle pour le Vieillissement.

 « Le Professeur Tom Kirkwood a démoli une série de fausses idées sur le processus du vieillissement avec une étude fracassante sur la santé de plus de 1.000 personnes de la génération des plus de 85 ans. « Dire qu’ils sont une une misère ambulante, qu’ils sont malheureux de leurs sorts et qu’ils se plaignent sans cesse de leurs maux relève du mythe, dit-il. Les quatre cinquièmes d’entre eux pensent qu’ils s’en sortent plutôt bien ». »

 L’envers de cette monnaie, c’est que 20% ont besoin d’assistance. C’est probablement gérable aujourd’hui, alors que la population des plus de 80 ans en Grande Bretagne est de 2,6 millions de personnes. Cela deviendra problématique en 2030, quand ce chiffre aura bondi à 4,8 millions.

 Selon Kirkwood, les facteurs génétiques n’expliquent qu’un quart de la durée de vie. « Ce que nous savons maintenant, c’est que les facteurs génétiques qui influencent notre longévité ne sont pas les gènes qui mesurent le passage du temps. La raison pour laquelle nous vieillissons et nous mourons est que, à mesure que nous vivons notre vie, notre corps accumule une grande variété de défauts dans les cellules et dans les molécules qui constituent les cellules dans notre corps, de sorte que le vieillissement est induit par cette accumulation de défauts. Les gènes qui influencent la longévité sont ceux qui influencent la manière plus ou moins efficace selon laquelle notre corps réagit aux dommages, le dynamisme de la machine à réparer ; ce sont les gènes qui régulent la gestion, la maintenance et la réparation. »

 C’est ce processus, non programmé à l’avance, qui explique en grande partie l’inégalité devant le vieillissement. Les styles de vie influencent fortement la qualité du vieillissement ; c’est le cas de l’hygiène alimentaire et de l’exercice physique, par exemple. Les inégalités sociales se traduisent, le grand âge venu, par moins d’autonomie et plus de dépendance.

 L’étude de Kirkwood fait aussi état d’une inégalité entre les hommes et les femmes. Bien que les femmes vivent six ans de plus en moyenne que les hommes, elles apparaissent moins autonomes. L’étude a identifié 17 tâches de la vie quotidienne, de s’occuper des finances à faire les courses. Un tiers des hommes effectuent ces 17 tâches, contre un sixième des femmes.

 Photo « transhumances » : arbre du Keukenhof, Pays-Bas

VatiLeaks

 

Tarcisio Bertone, Secrétaire d'Etat et Cardinal Camerlingue. Photo La Croix.

La presse se fait l’écho des fuites de courriers confidentiels du pape Benoît XVI, probablement dans le cadre d’une tentative de déstabilisation du Secrétaire d’Etat du Vatican, Tarcisio Bertone.

 Le pape a nommé Tarcisio Bertone Secrétaire d’Etat, l’équivalent d’un premier ministre, en 2006 peu après son accession au pontificat. Il entendait qu’un homme de confiance gère la bureaucratie vaticane, lui laissant ainsi le loisir de se concentrer sur les questions doctrinales.

 Visiblement, le binôme à la tête de l’Eglise Catholique est dysfonctionnel. Le Vatican est traversé par des luttes de clans pour le pouvoir, dans lesquelles l’argent joue un rôle capital. La bureaucratie vaticane, loin d’unir ses forces pour servir les objectifs de l’Eglise, se divise contre elle-même.

 C’est probablement le principe même d’une division des tâches entre gouvernement et doctrine, reflétant l’opposition du matériel et du spirituel ou de l’impur et du pur, qui est en cause.

 Le spirituel est-il étranger aux corps, ceux des individus comme des sociétés ? Gouverner de manière autoritaire, machiste et opaque n’aurait-il aucune portée spirituelle ? Si au contraire on se prenait à rêver, encourager la prise de parole et l’initiative des croyants les plus humbles, obliger les clercs à rendre compte de leurs actes, placer les femmes à égalité de droits avec les hommes, tout cela  ne serait-il pas porteur d’un message évangélique ?

Delft

l'église neuve de Delft. Photo "transhumances"

C’est probablement à Delft que l’on capte le mieux da culture néerlandaise. La ville est pénétrée du souvenir du peintre Vermeer. Dans l’église vieille les rois et un grand nombre de personnages illustres sont inhumés.

 Dans l’église neuve, la nef est occupée par des structures en bois fermées qui offrent bancs et agenouilloirs. Des panneaux indiquent les psaumes du jour. Dans l’assemblée, chacun a son box, mais tous joignent leurs voix dans une même prière.

 La travée nord offre une disposition insolite pour le visiteur d’un pays de tradition catholique. Une vingtaine de chaises sont distribuées en cercle autour d’une chaire qui tourne le dos à la nef centrale. Des tables permettent aux auditeurs de la Parole de Dieu de devenir à leur tour locuteurs et de partager leur intelligence du texte sacré avec d’autres fidèles. C’est en Hollande que l’Anglais William Tyndale trouva refuge pour traduire la Bible dans sa langue, avant d’être martyrisé sur un bûcher en 1536. L’église neuve de Delft vibre encore de sa passion pour le verbe divin rendu accessible au peuple.

 Le protestantisme a contribué puissamment à la formation d’une manière spécifique de vivre ensemble qui distingue les Néerlandais.

Chasseurs d’images

Le parc floral de Keukenhof, aux Pays-Bas non loin de La Haye, est le plus grand du monde. On se trouve émerveillé par la symphonie de couleurs et de volumes, orchestrée par des paysagistes ingénieux.

Chasseuses d'images parmi les fleurs

Une foule immense déambule dans le vaste parc. Des milliers de photos sont prises chaque minute, dans toute les postures : visages collés, smartphone au bout du bras tendu ; visages émergents d’un massif de tulipes ; gros plan sur le pistil d’une tulipe, vision panoramique d’un massif d’amaryllis, tunnel d’une allée boisée ; photos de groupe ; photos de quelqu’un photographiant quelqu’un ; parodiant Bénabar, les petits devant, les grands derrière.

 A Londres, les footballeurs du Chelsea fêtent sur la plateforme d’un autobus leur victoire en coupe d’Europe. Des milliers de spectateurs les mitraillent de photos. Ils ne sont pas en reste : eux-mêmes photographient la foule. Il ne suffit pas d’être là, de se pénétrer de l’euphorie de l’instant : il faut prendre des images, les mettre en boîte et tenter ainsi de conserver un peu de ce bonheur fugace.

 

Les joueurs de Chelsea, photographes photographiés, The Guardian

A Anvers, nous visitons le musée de la photo. Une exposition rapproche les œuvres de John Burk (1843 – 1900) et de Simon Norfolk (né en 1963) sur fond de guerres en Afghanistan. Le premier avait profité de la guerre anglo-afghane de 1878 – 1880 pour s’introduire dans un pays jamais encore photographié et faire une bonne affaire commerciale ; le second a voulu dénoncer la guerre commencée il y a plus de dix ans. L’un et l’autre mettent le focus sur ceux qui habitent ce pays, des misérables de la banlieue de Kaboul à ces habitants fugaces, colosses aux pieds d’argile que sont les forces d’occupation. Cette exposition est bouleversante par la beauté des gens et des montagnes, mais aussi par la rage silencieuse qui affleure.

Photo Simon Norfolk, Afghanistan