EtonnementsPolitiqueReligionSociété15 avril 20230Chronique d’étonnement n°37

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

 Dans cet article de transhumances, je m’étonne de n’avoir pas réussi à parler avec un agent de Microsoft pour débloquer une adresse de messagerie électronique ; je reste admiratif de la personnalité de Jacques Gaillot, décédé le 12 avril ; j’ai été surpris d’apprendre que les tirs d’armes non létales par les forces de l’ordre lors de manifestations ont été multipliés par dix en moins de dix ans.

Allo Microsoft à votre écoute !

Je reçois de Microsoft sur notre boîte de courriel hotmail un message annonçant qu’elle a été bloquée car la capacité maximum autorisée a été atteinte. Suivant les indications, je supprime à tour de bras des messages portant des pièces jointes pesantes.

Le blocage persiste. J’opte pour acquérir une capacité de stockage supplémentaire. Rien n’y fait. Je cherche sur le site de support Microsoft un numéro de téléphone qui me permettrait de parler à un agent, de lui exposer ma situation et d’espérer une réponse.

« Nous sommes là pour vous aider, faites-nous part de votre problème pour que nous puissions vous fournir la bonne aide et support ». Suit un labyrinthe de questions écrites, dont aucune ne concerne le problème de blocage de cette boîte de courriel. Je m’attends à ce que l’intelligence artificielle déclare forfait et me confie enfin à un humain. Vain espoir : à aucun moment je ne suis invité à appeler ni à demander d’être rappelé.

Dans une publicité télévisée pour le CIC, un homme esseulé à la caisse automatique d’un supermarché ou au portique d’accès au RER demande, angoissé, « il y a quelqu’un ? »

Après plusieurs heures de recherche, j’ai fini par sortir par moi-même du piège labyrinthique machiné par Microsoft. Cette entreprise m’a accompagné tout au long de ma vie professionnelle et au-delà. Ce compagnonnage pourrait bien s’arrêter à force d’inhumanité.

 

Jacques Gaillot

Je ne m’étonne pas du décès de Jacques Gaillot à l’âge de 87 ans. Mais je reste admiratif de la personnalité de cet homme courageux. Nommé évêque d’Évreux en 1982, il fut évincé par le pape Jean-Paul II en 1995 en raison de ses prises de position peu « catholiques » en faveur du mariage des prêtres ou de l’utilisation des préservatifs contre l’épidémie du sida.

Le pape le nomma évêque de Partenia, un diocèse fictif (« in partibus ») de la région de Sétif en Algérie, en déshérence depuis le cinquième siècle. Erreur stratégique du Souverain Pontife : Partenia devint une arme redoutable pour faire exister, face au Vatican, une Église engagée aux côtés des immigrants avec ou sans papiers, des mal-logés ou des victimes de discrimination sexuelle.

 

Violences policières

« Les matins du samedi » de France Culture ont récemment consacré une émission au thème « violences policières : un modèle de maintien de l’ordre à bout de souffle ? »

L’action des forces de l’ordre lors des manifestations contre la réforme des retraites et contre la bassine de Ste Soline suscite de nombreuses interrogations. On apprend dans l’émission de Quentin Lafay sur France Culture que l’équipement en armes non létales a été généralisé ces dernières années : grenades lacrymogènes ou paralysantes, lanceurs  de balle de défense sont désormais d’usage courant. Selon Paul Rocher, économiste, on a enregistré 3 000 tirs d’armes non létales en 2009, 30 000 en 2018 et plus de 10 000 depuis le début de l’année 2023.

La possession de telles armes, faussement qualifiées d’inoffensives, encourage une approche brutale du conflit au détriment de la communication, de la retenue et de l’apaisement. On sait pourtant que leurs conséquences ne sont pas anodines et que leur impact peut être invalidant pour les personnes visées.

Il semble hélas que les formations de policiers aux droits des citoyens à manifester leurs opinions et à la gestion du stress et de l’agressivité ne se multiplient pas au même rythme que les dotations en armes non létales.

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