ActualitéEtonnements1 décembre 20210Chronique d’étonnement n°4

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

 Dans cet article de « transhumances », de l’horreur de la prison de Guadayaquil au sublime du piano romantique.

Guadayaquil

Dans la prison équatorienne de Guadayaquil, des affrontements d’une extrême violence entre gangs de détenus se sont déroulés les  12 et 13 novembre 2021.  Au moins 68 prisonniers ont été tués en vingt-quatre heures et 25 autres blessés. Des événements similaires s’y étaient déjà déroulés en septembre, provoquant la mort de 119 détenus. Les témoins font état de scènes d’une grande sauvagerie. Certains détenus avaient été démembrés, décapités ou brûlés.

Tout est objet d’étonnement dans ce massacre. La taille de la prison : 8 500 détenus, avec un taux de surpopulation de 60%.

La libre circulation des armes, y compris des explosifs.

Et aussi l’événement qui a déclenché le massacre, tel que le rapporte le gouverneur de l’État de Guayas, Pedro Arosemena selon Le Monde.  Les assaillants ont « essayé d’assiéger, de coincer » les détenus du bloc 2. Le chef de ce bloc, connu comme le leader des « Tiguerones », a été libéré mercredi après avoir purgé 60 % de sa peine. « Ce bloc cellulaire [avec quelque 700 prisonniers] étant désormais sans chef, d’autres blocs, avec d’autres gangs, ont essayé de les briser, d’entrer et d’y perpétrer un massacre total », a expliqué le gouverneur, dénonçant la « sauvagerie » des assaillants, qui ont fait usage d’explosifs pour percer les murs.

On lira en revanche sans surprise dans Le Monde que des dizaines de familles de détenus, angoissées ou en pleurs, se sont rassemblées devant le pénitencier. « Ce sont des êtres humains, aidez-les », pouvait-on lire sur une banderole.

 

Piano romantique

Dans le cadre du festival « l’esprit du piano », nous assistons à l’auditorium de Bordeaux au récital du virtuose russe Arcadi Volodos. Au  programme, des œuvres de Franz Schubert et Robert Schumann. Aux antipodes de la fureur de Guadayaquil, c’est la qualité impressionnante du silence et du recueillement qui impressionne. Et aussi la densité du lien entre l’artiste, seul en scène et son public, décidés à ne pas se quitter : pas moins de quatre bis.

Le programme du festival souligne la facilité de Volodos à créer des paysages sonores multiples et sa palette de couleurs infinies. C’est en effet dans l’univers de la peinture que je me suis trouvé transporté tout au long de cette soirée.

Moniteur dans une colonie de jeunes aveugles dans les monts du Beaujolais, j’avais vécu une expérience similaire dans les années 1970. Un peintre de la région avait offert à l’établissement un tableau représentant le visage d’un enfant aveugle. J’avais tenté de communiquer aux ados aveugles ou malvoyants les émotions que je ressentais, et c’est le langage musical qui s’était imposé. Le rythme et ses ruptures, les notes aigües ou graves, la sérénité ou la tempête.

Comment le génie de Schubert, Schumann, Beethoven, Goethe a-t-il pu déboucher sur la folie aveugle des années 1930 et 1940 ? Autre source d’étonnement…

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