JusticeTélévision19 janvier 20230De l’escrime à l’estime

La Chaîne Parlementaire (LCP) a récemment diffusé un documentaire de Nils Tavernier intitulé « de l’escrime à l’estime, une réponse à la récidive ».

 À Thiès, ville du Sénégal située à 70km de Dakar, un partenariat a été noué entre l’association « Pour le sourire d’un enfant » et l’administration pénitentiaire. Incarcérés au quartier-mineurs de la maison d’arrêt et de correction, les jeunes détenus pratiquent l’escrime.

 Ils sont amenés en minibus – sans sièges, comme le constatera l’Ambassadeur de France venu en curieux et désireux d’accompagner les jeunes – jusqu’à une salle de sport où les attend un maître d’armes qualifié. Leur permission de sortir a été accordée par le juge d’application des peines.

L’association travaille depuis trente ans auprès des enfants des rues. Elle a été fondée par Nelly Robin, qui continue à l’animer avec des cadres sénégalais. Elle a élaboré une méthode, « Escrime et justice réparatrice », décrite dans un manuel qui propose 60 leçons. L’association affirme que sur les quelque 500 enfants « en conflit avec la loi » passés entre ses mains, aucun n’a récidivé.

 Pourquoi l’escrime ? Dans l’escrime, on respecte des règles strictes. Quand on est touché, on lève la main : on reconnaît la faute commise. On salue son adversaire, on le respecte. On porte le masque, comme un écran qui sépare des bêtises passées. Les filles sont aussi douées que les garçons : on apprend l’égalité des sexes.

 « De l’escrime à l’estime » est un titre adéquat. Ce que disent les jeunes passés par la prison et l’apprentissage de l’escrime, c’est qu’ils ont appris à respecter les autres et ce faisant, à regagner l’estime de soi-même. « Il partage tout, il a un joli cœur », disent les parents d’un jeune que sa dérive dans la délinquance désespérait.

 Le directeur de la maison d’arrêt et de correction et la directrice de l’école nationale d’administration pénitentiaire reçoivent le cinéaste en grand uniforme militaire. Ils expriment leur enthousiasme pour la méthode « escrime et justice réparatrice ».

 L’association « Pour le sourire d’un enfant » propose l’apprentissage de l’escrime aussi en dehors de la prison. Elle prend ainsi en charge les jeunes élèves d’une école coranique, dont le marabout ne voit pas de problème à ce que le maître d’armes soit chrétien.

Nelly Robin

Commenter cet article

Votre email ne sera pas publié.