Cinéma9 août 20220Gemma Bovery

Arte TV a récemment diffusé « Gemma Bovery », film d’Anne Fontaine (2014) avec Fabrice Lucchini et Gemma Arterton dans les rôles principaux.

Il y a sept ans, Martin Joubert (Fabrice Lucchini) a quitté le petit monde des intellectuels parisiens pour reprendre la boulangerie paternelle dans un village normand.

Sa vie était tranquille, loin du tourbillon littéraire du Quartier Latin. Sa sérénité est bouleversée lorsqu’arrivent dans le village Gemma et Charlie Bovery (Gemma Arterton et Jason Flemyng), un couple d’Anglais qui, eux aussi, cherchent un havre de paix loin de Londres.

Martin est fasciné par Gemma, une splendide jeune femme qui réveille en lui des émois sexuels enfouis. Lorsqu’il l’invite à pétrir avec lui la farine, l’exercice s’avère irrésistiblement érotique : c’est le corps de la jeune femme qu’il manipule par la médiation de l’objet.

Pétri de littérature, il est aussi fasciné par l’écho du roman Madame Bovary de Flaubert dans la situation présente : Emma / Gemma, Charles / Charlie, Bovary /  Bovery, un village normand… Tout semble vouer Gemma à subir le fatal destin d’Emma jusqu’au suicide. Comme Emma avec Rodolphe, Gemma s’engage dans une liaison adultère avec Hervé de Bressigny (Niels Schneider), le fils de la chatelaine du village.

Pour Martin, Gemma doit suivre le chemin tracé par Emma, car la littérature l’exige. Il est prêt pour cela à intervenir grossièrement dans sa vie pour donner le coup de pouce qui la ramènera dans le droit chemin, celui tracé par Flaubert. Gemma ne l’entend pas ainsi. Elle veut vivre sa vie.

Dès le début du film, on sait que Gemma va mourir, mais de quelle manière ? Par l’arsenic, comme Emma ? L’intrigue est donc placée sous le sceau du tragique. Mais il y a une légèreté dans les va-et-vient entre la fiction du dix-neuvième siècle et la vie d’aujourd’hui. Et le film est rempli de moments d’humour, comme dans la dernière scène, lorsque son fils fait croire à Martin Joubert que la nouvelle voisine qui s’installe en face de chez eux est russe, que son prénom est Anna et que son patronyme ressemble à Karénine.

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