Avec « Les Souvenirs », Jean-Paul Rouve offre au spectateur un film touchant et juste sur les relations entre générations.
Le père de Michel Esnard (Michel Blanc) vient de mourir. « Pour le bien » de sa mère (Annie Cordy), lui et ses deux frères la placent, à son corps défendant, en maison de retraite et vendent son appartement sans lui en parler. Un jour, celle-ci s’évade et laisse à son petit fils Romain (Mathieu Spinosi) une trace : une carte postale de la Gare Saint Lazare. Lorsque Romain parvient à Étretat, où sa grand-mère a passé son enfance, ils vont ensemble explorer ses souvenirs.
Adapté du roman de David Foenkinos, « les souvenirs » est plein de trouvailles. La directrice de la maison de retraite (Audrey Lamy) vend son institution comme elle vendrait un paquet de lessive. Le gérant d’une station service (Daniel Morin) devient une sorte de guide spirituel pour Romain puis pour son père, leur donnant en une phrase le moyen de dénouer les nœuds de leur vie sentimentale. C’est ainsi que Michel, désorienté et vidé de lui-même par la crise de la retraite reconquiert sa femme (Chantal Lauby) en lui rejouant la scène de leur première rencontre : « Mademoiselle, vous êtes si belle que je souhaite ne plus vous revoir ! »
Une employée de l’office du tourisme d’Etretat explique à Romain les moyens et les risques de se suicider du sommet de la falaise, l’une des attractions de la ville. Romain et sa grand-mère s’extasient devant le tableau immonde d’un peintre amateur, qu’ils n’ont de cesse que de rencontrer. Romain organise pour sa grand-mère une journée en CE2, classe qu’elle a dû quitter précipitamment pour l’exode en 1940.
Le film parle des gens très âgés, des jeunes retraités déboussolés et des violences que ceux-ci peuvent imposer à leurs aînés avec les meilleures intentions du monde, des relations d’amour et de complicité qui peuvent s’établir entre grand mère et petit fils. C’est un film tonique, très recommandable pour le moral.
« Les souvenirs » est aussi porté par ses acteurs, Michel Blanc en nouveau retraité dépressif, Annie Cordy en grand-mère décidée à faire ce qu’elle désire et non ce qu’on lui impose, Mathieu Spinosi lumineux de candeur, de malice et de tendresse.
One comment
Pingback: La vie à l’envers | Transhumances