France 3 Paris a récemment diffusé « quelques heures d’évasion », documentaire de Charlotte Marie qui a suivi trois visiteurs de prison dans leurs visites à trois détenus dans trois établissements pénitentiaires.
Élise, une jeune femme, visite des personnes détenues à la maison d’arrêt de Nanterre. On assiste à une réunion pendant laquelle elle explique à des nouveaux arrivants en quoi consiste son rôle de visiteuse et ce qu’ils peuvent en attendre : du temps passé hors de la cellule, un moment d’évasion de la routine carcérale.
Elle rencontre un homme qui souffre de la séparation d’avec sa famille. Il n’a pas dit à ses jeunes enfants qu’il se trouve en prison. Un pieux mensonge : il se trouverait au bled et rentrerait bientôt. Lorsque ce sera le moment, je pourrai t’aider à trouver les mots pour leur expliquer, lui dit Élise.
Cécile est retraitée. À la maison centrale de Poissy, elle rencontre un homme condamné à 30 années de prison, dont 13 déjà effectuées. Celui-ci accepte d’être filmé de face. Il dit combien ces visites lui font du bien, combien elles l’apaisent. Mais lorsque Cécile engage avec lui une discussion sur le pardon, l’inconfort s’installe. Lorsqu’elle lui demande quel serait son vœu pour l’avenir, il préfère le garder pour lui.
Henri est un homme jeune qui visite depuis plusieurs années un détenu de nationalité étrangère à Liancourt, un centre pénitentiaire qui comporte une maison d’arrêt (personnes en attente de jugement et personnes condamnées à de courtes peines) et un centre de détention (personnes condamnées à de longues peines). C’est une sorte de tutorat, ou de coaching, qu’il pratique lors de ces visites, initiant son interlocuteur à la langue et à la culture françaises. Il apporte des poèmes sur la captivité et la liberté, de Louise Michel ou de Victor Hugo.
En se focalisant sur les binômes visiteur/visité dans des prisons de caractéristiques différentes, Charlotte Marie parvient à mettre en évidence les caractéristiques de la fonction du visiteur de prison : du temps donné gratuitement, la régularité des visites, l’ignorance du dossier pénal, l’écoute active, la bonne distance.
Les visiteurs trouveront que les personnes filmées entrent trop facilement dans les établissements : dans la réalité, les temps morts peuvent s’éterniser, et il arrive qu’on ne rencontre pas les personnes détenues à la date convenue. Ils regretteront de n’assister à la relation qu’avec un seul détenu, alors que ce qui rend cette fonction excitante, c’est la diversité des personnes rencontrées. Mais les choix de la réalisatrice permettent de se centrer sur l’essentiel.
« Les sourires illuminent la pièce et pour un temps, c’est tout un monde d’émotions qui tourbillonnent dans quelques mètres carrés. Installez-vous. Exceptionnellement, on rajoute une troisième chaise autour de la table », lit-on dans le dossier de présentation de ce beau documentaire.