Société9 mai 20120Rapport mondial sur le Bonheur

A la recherche du bonheur, photo "The Guardian"

« Transhumances » s’est plusieurs fois fait l’écho de recherches visant à créer, à côté de la mesure du produit national brut, un indicateur mesurant le bonheur des citoyens. L’ONU vient de publier son premier rapport mondial sur le bonheur (World Happiness Report).

 L’introduction du rapport par Jeffrey Sachs est remarquable. « Nous vivons dans une époque d’âpres contradictions. Le monde jouit de technologies d’une incroyable sophistication. L’économie mondiale est propulsée vers des sommets de productivité par le progrès continu de la technologie et des organisations ; cependant, dans ce processus elle s’acharne à détruire son environnement naturel.

 Les pays obtiennent un grand progrès dans leur développement tel qu’il est conventionnellement mesuré ; et pourtant, sur la route ils succombent à de nouvelles crises : l’obésité, le tabagisme, les diabètes, la dépression et d’autres maux de la vie moderne.

 Ces contradictions ne choqueraient pas les grands sages de l’humanité, y compris Aristote et Bouddha. Les sages ont enseigné à l’humanité, à temps et à contretemps, que le gain matériel à lui seul ne satisfait pas nos besoins les plus profonds. Il faut exploiter la vie matérielle pour satisfaire les besoins humains, et d’abord pour promouvoir la fin de la souffrance, la justice sociale et l’atteinte du bonheur. Le défi est réel pour toutes les parties du monde.

 Un exemple clé est la superpuissance économique, les Etats-Unis. Ils ont obtenu des progrès économiques et technologiques frappants au cours du dernier demi-siècle, sans que progresse le niveau de bonheur que déclarent les citoyens eux-mêmes. Au lieu de cela, les incertitudes et les angoisses se situent à un haut niveau, les inégalités sociales et économiques se sont considérablement élargies, la confiance sociale est en déclin et la confiance dans le gouvernement est historiquement à l’étiage. Peut-être pour cette raison la satisfaction de la vie est restée pratiquement constante pendant des décennies de croissance du produit national brut (PNB) par tête.

 Les réalités de la pauvreté, de l’angoisse, de la dégradation de l’environnement et de l’absence de bonheur au milieu de la grande abondance ne peuvent être regardées comme de simples curiosités. Elles exigent notre attention urgente, tout particulièrement à cette période charnière de l’histoire. Car nous sommes entrés dans une nouvelle phase du monde, appelée Anthropocène par les savants du système mondial de la terre. Antrhopocène est un terme récemment inventé qui combine deux racines grecques : « Antrhopo » pour humain et « Cène » pour nouveau, comme s’il s’agissait d’une époque géologique. L’Anthropocène est la nouvelle époque dans laquelle l’humanité, à travers ses prouesses technologiques et sa population de sept milliards d’habitants, est devenue le principal moteur des changements des systèmes physiques de la terre, en incluant le climat, le cycle du carbone, le cycle de l’azote et la biodiversité.

 L’Antrhopocène va nécessairement changer la forme de nos sociétés (…) On peut dire que la recherche du bonheur est intimement liée à la recherche du développement durable. »

 L’étude de l’ONU est fondée sur des interviews individuelles dans une multitude de pays. On pose aux interviewés deux séries de question, l’une sur le niveau de bonheur qu’ils ont ressenti le jour précédent (bonheur affectif), l’autre sur le niveau de bonheur qu’ils estiment avoir atteint dans leur vie (bonheur évaluatif).

 De manière prévisible, le niveau de revenu explique une grande partie des différences entre pays. Pour quelqu’un qui vit sous le niveau de pauvreté, quelques dollars de plus peuvent faire la différence en offrant l’accès à un meilleur logement, aux soins, à l’eau courante, à l’éducation.

 Mais dès que les besoins primaires sont satisfaits, il faut un très substantiel accroissement de revenu pour faire une différence. Ce sont alors la confiance dans une communauté, la santé mentale et physique, la qualité de la gouvernance et le respect de la loi qui font vraiment la différence entre le malheur et le bonheur.

 Cinq pays du Nord remportent la palme du bonheur, Danemark, Finlande, Norvège, Pays-Bas et Canada. Les Etats-Unis occupent la onzième place, le Royaume-Uni la dix-huitième, la France la vingt troisième. Curieusement, notre pays est distancé par une grande variété de pays tels que le Costa Rica, l’Islande, le Venezuela et l’Espagne.

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