Cinéma2 février 20240Stalag 17

Arte TV a récemment diffusé « Stalag 17 », film réalisé par Billy Wilder en 1953.

 Dans un camp de prisonniers de guerre en Autriche, un bâtiment est occupé par une trentaine de soldats américains, principalement des aviateurs abattus. Leur routine est parfois interrompue par l’arrivée de courriers (des factures impayées…), ainsi que par les colis ou les inspections de la Croix Rouge.

 À l’approche de Noël 1944, les hommes cherchent à oublier et à faire la fête. Dans une scène mémorable, ils chantent et dansent, l’un d’entre eux déguisé en femme. Profitant de l’agitation, deux prisonniers décident de s’évader. Mais ils sont pris en embuscade par des soldats allemands et mitraillés.

Il est clair désormais qu’une taupe renseigne Von Scherbach (Otto Preminger), l’officier qui dirige le camp. Les soupçons se portent sur le Sergent Sefton (William Holden), qui est au centre de multiples trafics et mène une vie confortable au cœur de la misère carcérale. On le voit ainsi organiser, à son profit, des paris « hippiques » : les purs-sangs sont des souris qui galopent dans un anneau de vitesse de deux mètres de diamètre.

 Pourquoi Sefton bénéficie-t-il de la passivité des autorités du camp ? Ne serait-ce pas en échange de renseignements ? Une dynamique hystérique se met en place. Sefton ne peut qu’être coupable. Il est passé à tabac, La prochaine fois, il n’en réchappera pas.

 Sefton, qui est un malin, comprend pourquoi Von Scherbach rend si souvent visite aux prisonniers. Au centre de son attention se trouve un jeu d’échecs. La figurine de la Reine est creuse, des messages y sont secrètement glissés. C’est lui, désormais, qui mène le jeu. La priorité est de faire évader un officier américain qui, au mépris de la Convention de Genève, doit être transféré à Berlin pour y être interrogé et torturé. Sefton organise cette évasion, pour lui aussi, dans un scénario fumant qui livre le délateur aux soldats comme bouc émissaire.

 Stalag 17 est un grand film sur l’aveuglement collectif d’hommes rendus fous par le huis-clos dans lequel ils sont confinés. Il braque aussi le projecteur sur un homme à la personnalité ambigüe, profiteur égoïste et cynique d’une part, capable de mettre son intelligence et son dynamisme au service du collectif de l’autre.

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