W ou le souvenir d’enfance

Dans « W ou le souvenir d’enfance » (1975, l’Imaginaire Gallimard), Georges Perec intercale des souvenirs de son enfance, de sa naissance en 1936 à la Libération, à un récit imaginaire qui plante le décor terrifiant de la grande histoire.

 Georges Perec est né dans une famille juive polonaise immigrée en France. Son père meurt au front le jour de l’armistice, en juin 1940. Sa mère sera déportée à Drancy puis à Auschwitz en janvier 1943 et n’en reviendra pas. Lui-même est évacué vers la zone libre dans un train de la Croix Rouge en 1940 et vit jusqu’à la Libération entre Lans et Villard de Lans. Continuer la lecture de « W ou le souvenir d’enfance »

Le Roman du Piano

« Le Roman du Piano du dix-neuvième au vingtième siècle » de Dieter Hildebrandt (1985, traduit de l’allemand par Brigitte Hébert, Babel Actes Sud 2003) m’a passionné, juste un an après que j’ai commencé à pratiquer le clavier.

 Le livre a un héros : le pianoforte, inventé au début du dix-huitième siècle. Des acteurs : les compositeurs et interprètes qui, de Beethoven à Schubert à Rubinstein et Horowitz en ont tiré des œuvres sublimes ; les facteurs, qui n’ont cessé de perfectionner l’instrument ; et la société elle-même qui, de Berlin, Vienne ou Paris jusqu’à New-York, la Nouvelle Orléans ou Tokyo q généré de nouveaux goûts musicaux, des rythmes inouïs, des tonalités inattendues. Continuer la lecture de « Le Roman du Piano »

Le Latin Vivant

« Latin Alive » de Joseph B. Sodolow (Cambridge University Press 2010) constitue le passionnant récit de l’émergence de langues romanes (le français, l’italien et l’espagnol) sur le terreau du latin classique.

 Le sous-titre de l’ouvrage est « la survivance du latin en anglais et dans les langues romanes ». Le livre s’intéresse particulièrement aux mots latins qui, le plus souvent par le truchement du français, ont trouvé leur place dans le vocabulaire anglais. Ils représentent environ la moitié du stock de mots disponibles, l’autre moitié étant d’origine germanique. Cette dualité explique l’extraordinaire flexibilité et efficacité de la langue anglaise. Continuer la lecture de « Le Latin Vivant »

Terre Somnambule

L’écrivain mozambicain Mia Couto a reçu l’an dernier le prix Camões, la plus prestigieuse distinction attribuée à des écrivains lusophones. Son premier roman, Terra Sonâmbula (Terre Somnambule, 1992) nous plonge dans un Mozambique livré aux affres de la guerre civile.

 Fuyant un camp de réfugiés, un vieil homme et un jeune garçon trouvent refuge dans un autocar calciné au bord d’une route désertée. Le vieil homme s’appelle Tuahir. Il a baptisé le jeune garçon Muidinga, mais ce n’est pas le nom que lui avaient donné ses parents. Laissé pour mort, presque enseveli dans une fosse commune, il a été sauvé par le vieux, mais ne se souvient de rien de son passé. Il vaut mieux l’avoir oublié, dit le vieux. Continuer la lecture de « Terre Somnambule »