À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du président Georges Pompidou, survenue le 2 avril 2014, La Chaine Parlementaire LCP a diffusé « Mort d’un président », film réalisé par Pierre Aknine en 2011 avec Jean-François Balmer dans le rôle du président.
Le film s’ouvre sur la rencontre en avril 1973 à Reykjavik du président français et de son homologue américain Richard Nixon. Pompidou (Jean-François Balmer) peine à descendre la passerelle. Il apparait bouffi. Un journaliste témoin de la scène commente « votre président est mourant ». Le reporter de l’ORTF est sommé de rentrer illico à Paris et d’éliminer les gros plans.Continuer la lecture de « Mort d’un président »
Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, j’évoque les propos d’un ministre britannique sur « l’avant-guerre » qui caractériserait la période que nous vivons ; et j’évoque la difficulté que représente pour des jeunes étrangers, l’orthographie de la langue française. Continuer la lecture de « Chronique d’étonnement n°59 »
L’imam Mahjoub Mahjoubi a été expulsé le 22 février au soir, moins de douze heures après son interpellation « sur instruction » du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. La nature administrative et non judiciaire de la procédure, la précipitation dans sa mise en œuvre, rappellent le décret-loi du 2 mai 1938 organisant le statut des étrangers indésirables.
L’assassinat en prison d’Alexeï Navalny ou l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian auraient pu figurer en couverture du numéro du 22 février de Paris-Match. C’est une photo de Gérald Darmanin, souriant, à son bureau accompagné de ses enfants, que le magazine désormais contrôlé par Vincent Bolloré que consacre sa « une ». Continuer la lecture de « Étranger indésirable »
Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.
Dans cet article de transhumances, je m’étonne que le pouvoir russe ait osé assassiner Alexeï Navalny ; je m’étonne que le programme déraisonnable de construction de nouvelles prisons n’ait pas été révisé dans le cadre de l’annulation de 10 milliards d’euros de crédits budgétaires ; et je relève un écho entre le destin de Navalny et les réflexions de Delphine Horvilleur sur la vulnérabilité.
Alexeï Navalny
J’ai été étonné que le pouvoir russe ose assassiner Alexei Navalny. Il l’a fait, après avoir, pour l’emprisonner, utilisé la vieille technique de la « Maskirovska », consistant à déguiser les causes réelles de l’incarcération d’un indésirable en l’inculpant de faits infamants, afin de le présenter à l’opinion russe et au reste du monde comme un simple criminel et non comme un adversaire politique.
Anne Soupa, militante féministe au sein de l’Église Catholique, voit en Navalny une « figure christique ». Lorsqu’il est revenu en 2021 de Berlin à Moscou, il s’est volontairement mis à la merci de ses ennemis, comme Jésus entrant à Jérusalem pour y subir sa passion. « Navalny s’en est expliqué, écrit Anne Soupa : on ne défend pas une cause de l’extérieur, mais de l’intérieur. Il lui fallait partager le sort de tous, rester solidaire de son peuple muselé, vivre la fraternité sans chipoter, avec tous les risques qui lui sont associés. »
Il ne faut certes pas diviniser Navalny. Les Ukrainiens se souviennent qu’il fut un ardent nationaliste russe et qu’il ne condamna pas franchement l’annexion de la Crimée.
Il reste que Navalny, comme Jésus, est un « opprimé volontaire », une figure que les détenteurs du pouvoir ne peuvent comprendre et qui leur fait peur. L’humanité a besoin de tels héros.
Annulations de crédit
La dette publique française dépasse maintenant 110% du produit national brut. Si le pays s’arrêtait de consommer et d’investir, il lui faudrait plus d’un an pour la rembourser. Préoccupé par la perspective d’une dégradation du « rating » de la France par les agences de notation et la hausse consécutive des intérêts à payer, le Ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, a annoncé dix milliards d’euros d’annulations de crédit.
Les secteurs les plus touchés seront l’écologie, le développement et la mobilité durables ; le travail et l’emploi ; la recherche et l’enseignement supérieur. Trois secteurs qui figurent, en théorie, au sommet des priorités de l’État.
Pourquoi ne pas profiter de l’opportunité de ce coup de rabot budgétaire pour reconsidérer le programme de construction de prisons ? Celui-ci est hors de contrôle. Le programme de 15 000 nouvelles places, initialement estimé à 4,5 milliards d’euros, est maintenant chiffré à 6,5 milliards. Le Parlement a voté une extension de ce programme à l’horizon 2027 : 18 000 places au lieu de 15 000. Ce sont donc près de 8 milliards d’euros qui sont engagés. Il faut y ajouter les fais récurrents de fonctionnement des nouvelles prisons : 110€ par jour et par détenu, plus de 40 000€ par an, soit 720 millions d’euros par an.
On sait par ailleurs que, les prisons ayant tendance à se remplir à mesure qu’elles se construisent, les nouveaux établissements ne résoudront pas le problème de la surpopulation carcérale et de la bombe à retardement de frustrations et d’insécurité qu’elle génère. Le redéploiement de cet effort déraisonnable de bâti carcéral vers un renforcement du suivi en milieu ouvert donnerait de bien meilleurs résultats en termes de réduction de la criminalité, avec un coût environ dix fois inférieur.
Jacob le boiteux
Le Monde a publié le 20 février un passionnant entretien avec la rabbine Delphine Horvilleur. « Dans la Bible, dit-elle, Israël est le nom d’un homme. Celui du patriarche Jacob, qui ressort victorieux de la lutte contre l’ange qui lui donne le nom d’Israël. Mais s’il a gagné son combat, Jacob-Israël demeurera boiteux pour le restant de ses jours. L’histoire d’Israël dans la Bible, c’est donc la conscience qu’on ne sort pas indemne des combats qu’on a menés dans l’existence, qu’il faut apprendre à vivre avec ce qui claudique dans nos vies (…)
« Tout au long de l’histoire biblique, l’alliance passe par ceux qui acceptent leur vulnérabilité : Abraham va devoir vivre avec sa stérilité, Isaac avec son aveuglement, Moïse avec son bégaiement. »
Pour Delphine Horvilleur, le narratif de puissance construit par l’actuel gouvernement d’Israël tourne le dos à la tradition biblique et menace l’avenir du pays.
La tradition biblique évoquée par Horvilleur et le destin d’Alexeï Navalny se font écho, revendiquant ensemble la vulnérabilité, acceptée comme compagne d’une vie individuelle et collective adulte pour l’une, comme instrument de lutte politique pour l’autre.