Etonnements15 décembre 20220Chronique d’étonnement n°29

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

 Dans cet article de transhumances, je dis mon étonnement à lire une phrase d’Alain Peyrefitte faisant en 1998 l’éloge d’une France multiraciale. Je trouve rafraîchissant l’usage, par un visiteur, de la rubrique nécrologique d’un quotidien au parloir d’une maison d’arrêt.

France multiraciale

Dans un article du Monde intitulé « que soit tourné en dérision l’idéal du vivre ensemble donne la mesure de la perte des repères », Philippe Bernard rappelle que saluant la victoire de la France dans le Mondial de football 1998, le gaulliste Alain Peyrefitte écrivait à la « une » du Figaro : « La France est multiraciale, et elle le restera. C’est une évidence (…). Dans la nation France, on peut venir de partout, si l’on va ensemble quelque part. »

Je ne me rappelais plus qu’aux sources du gaullisme se trouvait le dessein d’une France inclusive. À l’heure des crispations identitaires, s’en souvenir fait du bien.

Nécrologie

L’un de mes camarades visiteur de personnes détenues en maison d’arrêt porte toujours avec lui l’édition du jour du quotidien Sud-Ouest. Sa lecture meuble utilement les temps d’attente, souvent interminables en prison. Les titres du journal amorcent des conversations.

Le visiteur et l’un des prisonniers qu’il rencontre utilisent le quotidien comme support à un jeu. Il ne s’agit ni de mots fléchés, ni de sudoku. Ils dévorent la rubrique nécrologique, à la recherche de l’âge des personnes décédées. Le vainqueur de cette joute inattendue est celui qui déniche le plus âgé : 102 ans, il y a quelques jours. Éclats de rire partagés.

En maison d’arrêt, l’ennui règne en maître. L’imagination peut transformer la morne réalité en terrain de jeu.

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