Etonnements15 février 20242Chronique d’étonnement n°57

Je souhaite partager dans « transhumances » ce qui m’a étonné, dans ma vie personnelle comme dans l’actualité.

Dans cet article de transhumances, je rends hommage à l’action de Robert Badinter et me reconnais effrayé par les progrès de la colonisation en Cisjordanie.

Badinter

Le décès de Robert Badinter à l’âge de 95 ans ne m’a pas étonné, mais ému. Garde des Sceaux, il disait qu’il ne s’attendait pas à ce que l’architecture pénitentiaire consomme autant de son temps. Le centre pénitentiaire de Mauzac, en Dordogne, garde son empreinte : petits bâtiments entourés de jardins, emplois agricoles pour des personnes détenues.

Il s’est efforcé d’améliorer la condition carcérale, avec la fin des quartiers de haute sécurité et l’introduction de la télévision en cellule. Dans cette action, il s’est heurté à une sourde résistance, comme si, disait-il, « la prison était vouée à la promiscuité et à la pauvreté, comme s’il existait des lois secrètes qui la condamnaient à demeurer telle. »

 Élu sénateur, il combattit sans relâche la tendance des gouvernants, en réaction à chaque fait divers, à durcir les peines de prison encourues. On sait qu’à l’inflation du code pénal répond la surpopulation carcérale, sans que jamais l’effet dissuasif de peines d’emprisonnement plus longues ait été démontré.

Bravo et merci, Monsieur Badinter.

Colonisation

Le Monde a publié le 10 février un article de Samuel Forey intitulé « Guerre Israël-Hamas : pendant que le conflit fait rage à Gaza, la colonisation s’emballe en Cisjordanie. »

Le journaliste a rencontré Avicahi Suisa, directeur de l’organisation Hashomer Yosh, « le gardien de Judée-Samarie », créée en 2013, qui soutient l’implantation de colons dans les territoires occupés. Il parle des « Arabes, qu’on appelle Palestiniens, un terme qui pour moi est une invention (…) Ce que les Arabes n’ont pas compris, c’est que nous sommes les indigènes, et eux sont les étrangers »

 Combien de morts un canon peut-il faire
Avant que l’on oublie sa voix ?

Combien d’oreilles faut-il aux malheureux
Avant d’écouter son pareil ?
Combien de pleurs faut-il à l’homme heureux

Avant que son cœur ne s’éveille ?

Eh bien mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute la réponse dans le vent.

2 comments

  • Jacques

    15 février 2024 at 14h00

    Je te remercie, Xavier, de me donner l’occasion de prendre conscience
    que je ne donne pas suffisamment d’importance aux conjonctions de coordination :
    et, ou, ni, mais, car, or, donc.

    C’est nous ou eux – C’est eux ou nous (l’alternative)
    C’est nous et eux – C’est eux et nous (la conjonction)

    Une coordination efficace peut passer par ceux qui – chez eux et chez nous – choisissent la conjonction,
    car la conjonction invite à être humain plus qu’humain.

    Or être humain plus qu’humain n’est pas donné à tout le monde et tout le temps.

    Mais je ne désespère pas.

    Grâce à toi, Xavier, qui me fais prendre conscience de la gravité du sujet
    sur lequel tu m’invites à réfléchir.
    Il me semble en effet difficile de n’être ni dans l’alternative ni dans la conjonction.

    « Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l’âge, ni le métier, ni la situation familiale. (…) Ce que je veux savoir, c’est de quelle façon (…) ils comblent le vide entre les grands rendez-vous de l’enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n’être pas tout sur cette Terre » (Christiane Singer), dit autrement, comment ils supportent de ne pas avoir toujours raison.

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