Justice8 juillet 20220Días eternos

Le magazine en ligne « Prison Insider » a attiré mon attention sur le projet « Días eternos » (jours éternels) de la photographe Ana María Arévalo Gosen sur les conditions de détention des femmes au Venezuela.

Ana María Arévalo Gosen est née au Venezuela en 1988. Elle a vécu à Toulouse et Hambourg avant de s’installer à Bilbao. Elle se présente comme « visual storyteller », narratrice visuelle. Elle croit au pouvoir des photographies pour sensibiliser et déclencher un changement durable vers la justice sociale.

Ses reportages dans les prisons vénézuéliennes sont impressionnants. Elle s’exprime ainsi. « Au Venezuela, le système de justice pénale ne fonctionne pas de la même manière pour tout le monde. Elle dénie les droits des membres les plus pauvres et les plus vulnérables de la société.

Photo d’Ana María Arévalo Gosen

« La situation à l’intérieur des centres de détention est un cauchemar. Ils sont sombres, chauds, surpeuplés et génèrent la claustrophobie. Les prisonniers ne reçoivent ni nourriture, ni eau, ni soins médicaux. Certains sont abandonnés par leur famille et ont besoin de l’aide de l’extérieur pour survivre. Les femmes ne sont pas séparées des hommes (et encore moins des transgenres et des mineurs). Il n’y a pas de séparation entre les criminels condamnés et les personnes en attente de jugement.

« Les femmes enceintes présentent des infections et une perte de placenta, une complication potentiellement mortelle. Vivre dans ces conditions ne permet ni la réhabilitation ni la réconciliation. « Quand nous sortirons d’ici, si nous le faisons, nous serons des gens pires qu’avant la prison », a déclaré Yorkelis (21 ans), détenue depuis deux ans dans cellule une surpeuplée de 60 femmes qu’elle appelle sa maison.

Photo d’Ana María Arévalo Gosen

« Certaines de ces femmes ont été  victimes d’abus dans leur famille ou ont été contraintes par des hommes à commettre un crime. Elles sont en prison pour trafic de drogue ou cambriolages, mais aussi pour un délit politique. C’est ainsi qu’Erika Palacios est la première femme emprisonnée en vertu de la « Loi contre la haine », qui interdit toute manifestation contre le gouvernement. »

Le titre du projet, « Días eternos », Jours éternels, est approprié. La prison provoque, chez les personnes détenues, une distorsion du temps. Le temps devient mou comme de la guimauve. Il se gonfle d’ennui et s’étire indéfiniment. La narratrice visuelle rend cette situation de manière saisissante.

Ana María Arévalo Gosen

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