Cinéma18 octobre 20230Paris, Texas

France 4 Culturebox a récemment diffusé Paris Texas, film de Wim Wenders, Palme d’Or au Festival de Cannes 1984.

En costume cravate, casquette rouge vissée sur l’épaule, un homme marche dans le désert des Mojaves, au sud de la Californie. À bout de forces, il s’effondre et est recueilli par un médecin. Celui-ci parvient à joindre le frère du vagabond.

L’homme errant s’appelle Travis Henderson (Harry Dean Stanton). Son frère Walt (Dean Stockwell) le rejoint. Travis reste muet pendant de longues journées. Lorsque son frère parvient à lui faire prononcer une parole, il entend « Paris ». Travis marche pour rejoindre Paris, bourgade du Texas où il aurait été conçu : un retour aux origines.

Travis a disparu depuis quatre ans. Walt parvient à le ramener chez lui à Los Angeles, où l’attendent sa femme Anne (Aurore Clément) et Hunter (Hunter Carson). Hunter est le fils de Travis, mais depuis sa disparition il a été élevé par Anne et Walt.

L’apprivoisement de Travis et Hunter est lent. Une belle scène du film les montre marchant chacun sur un trottoir d’une large rue. Le fils imite la démarche et les simagrées du père. Pour Anne et Walt, le départ possible de Hunter est un déchirement. Ils fournissent pourtant à Travis un indice précieux. Le 5 de chaque mois, Jane (Nastassja Kinski) se rend dans une banque de Houston pour y déposer de l’argent sur un compte ouvert au nom de Hunter.

Père et fils se mettent en route dans une vieille voiture pour le Texas. Travis s’est fixé un objectif : rendre Hunter à sa mère, avec qui il a eu une histoire d’amour passionnelle et finalement dramatique, sans toutefois reprendre la vie commune avec elle. Jane travaille dans un peep-show. Les jeunes femmes sont séparées de leurs clients par des vitres sans teint : ils les voient, elles ne les voient pas. Travis se fait passer pour un client. Il raconte à Jane leur histoire, et c’est bouleversant.

Tout est remarquable dans « Paris, Texas » : la mise en scène au plus près des visages mais jouant aussi sur l’opposition des lieux (le désert aride, Los Angeles en surplomb d’une autoroute et d’un aéroport, les gratte-ciels de Houston) ; le jeu des acteurs, y compris le petit garçon ; le scénario de Sam Shepard et Kit Carson ; la bande sonore de Ry Cooder et les longs morceaux de guitare acoustique.

Dans une récente interview au Monde, Wim Wenders disait : « je ne peux faire du cinéma qu’avec des gens que j’aime. Et quand il faut recruter, je choisis les gens dont j’aime le regard. C’est mon critère à moi. Pour un casting, je ne regarde que les yeux. » Un beau critère pour un réalisateur.

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