Cinéma19 février 20220Pépé le Moko

Arte TV a récemment diffusé « Pépé le Moko », film policier de Julien Duvivier (1937), avec Jean Gabin dans le rôle principal.

 Traqué par la police, un chef de bande surnommé Pépé le Moko (Jean Gabin) – le Toulonnais dans l’argot du milieu – se cache dans la Casbah d’Alger. Il y est invulnérable : les ruelles étroites empêchent le déploiement de forces de police ; les terrasses communicantes permettent de s’échapper facilement.

 La police a son siège dans la partie européenne de la ville, mais entretient des indicateurs arabes connus comme tels par Pépé et son entourage. « Avoir l’air d’un faux jeton à ce point-là, j’te jure que c’est vraiment de la franchise », dit Pépé à l’un d’entre eux, Slimane. Un autre indicateur, Régis, sera mis à mort pour avoir trahi Pierrot, un jeune protégé de Pépé.

Slimane connait à fond les forces et les faiblesses de Pépé. Sa principale faiblesse, c’est la nostalgie de Paris. Lorsqu’il rencontre la chanteuse Fréhel, elle aussi échouée à Alger après une brillante carrière, ils écoutent ensemble sur un gramophone une chanson dans laquelle celle-ci déplore le temps passé. C’est pathétique.

 Slimane précipite dans les bras de Pépé Gaby (Mireille Badin), la maîtresse d’un bourgeois de passage à Alger. C’est le coup de foudre. Inès (Lino Noro), la compagne gitane de Pépé, tente de le retenir, y parvient un moment. Mais le piège se referme : Pépé descend en ville, il perd la protection de la Casbah, la police n’a plus qu’à le cueillir sur le quai dont un paquebot s’éloigne.

 La reconstitution – en studios – de la Casbah est impressionnante. Elle est présentée comme un lieu cosmopolite où cohabitent des populations différentes, marquées par des codes vestimentaires bien définis. Chez les hommes : complet veston pour les européens, djellabah ou pantalon bouffant pour les « indigènes », pantalon européen et chéchia pour les arabes européanisés. Chez les femmes : haïk et voile facial pour les musulmanes, robes ou jupes pour les Européennes, costumes bariolés et bijoux pour les prostituées.

 Pépé le Moko est un excellent film, avec un Jean Gabin au sommet de son art et des scènes inoubliables.

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