Cinéma22 mars 20220Histoire de ma femme

Dans « Histoire de ma femme », la réalisatrice hongroise Ilyko Enyedi adapte un roman écrit en 1942 par Milán Füst.

Jakob Störr (Gijs Naber) est capitaine dans la marine marchande. C’est un homme solide et compétent. À chaque problème, sa solution. Lorsqu’un incendie éclate à bord d’un navire de croisière qu’il commande, sa décision est sans appel : aller à pleine vapeur vers une zone où l’on devrait rencontrer une pluie violente.

Sur la terre ferme, Jakob a un ami : Kodor (Sergio Rubini), un affairiste qui ne néglige pas le trafic de drogue, tantôt richissime, tantôt ruiné, mais bien introduit dans la société parisienne. Déjeunant dans un palace avec Kodor, Jakob lui annonce qu’il épousera la première femme qui franchira le seuil du restaurant.

Cette femme, c’est Lizzy (Léa Seydoux). D’emblée, le géant timide l’aborde et lui propose de l’épouser. Lizzy est amusée, entre dans le jeu de la séduction, accepte la proposition. Les deux vivent une intense relation charnelle. Mais ils vivent dans deux mondes : il navigue plusieurs mois d’affilée sur les océans ; elle navigue dans une société frivole.

Peu à peu, le doute ronge Jakob. Sa femme n’aurait-elle pas une relation extra-conjugale avec Dedin (Louis Garrel), un beau ténébreux à l’opposé de lui : oisif, riche, cynique ? Son univers était simple, logique. Peu à peu, il perd pied, il est déboussolé. Lizzy demeure pour lui – et pour le spectateur – un mystère, à la fois immensément désirable et profondément lointaine, insaisissable.

Pour elle, Jakob s’installe à Hambourg, accepte un emploi sédentaire sous-payé. Rien n’y fait, la distance entre eux devient insurmontable.

Jakob essaie « de comprendre ce qui lui arrive, dit la réalisatrice. Il veut reprendre les commandes, maitriser la situation à nouveau (…)  Ce que sa relation avec sa femme lui enseigne au final, c’est qu’il faut accepter et apprécier ce côté éphémère et insaisissable de la vie. »

« L’histoire de ma femme » dure près de trois heures. Si les scènes en mer sont fortement rythmées, ce qui se passe à terre se dilate dans le temps, avec des interrogations suspendues qui restent sans réponse.

Le film était en compétition à Cannes en 2021. Il a été nommé douze fois, mais n’a obtenu aucun prix. C’est dommage.

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