Cinéma14 février 20220Les Promesses

Dans « Les Promesses », Thomas Kruithof immerge le spectateur dans une ville de Seine Saint-Denis à la veille d’élections municipales.

 Clémence Collombet (Isabelle Huppert) est maire d’une grande ville du « 9-3 », On est à quelques semaines des élections municipales, et elle a annoncé son intention de ne pas se représenter et de laisser le siège de maire à son adjointe Naidra (Naidra Ayadi).

 Avant de décrocher, il lui reste une tâche à accomplir : obtenir les 63 millions d’euros de subvention nécessaires pour rénover la cité des Bernardins. La cité est habitée pour l’essentiel par des immigrés, y compris ceux qu’héberge un marchand de sommeil dans plusieurs appartements que la décrépitude des lieux a permis d’acquérir à petit prix. Elle fait eau de toute part, les habitants sont exaspérés et ne croient plus aux promesses des politiques.

Le directeur de cabinet de la maire est Yazid (Réda Kateb), qui a grandi dans la cité des Bernardins. Il se heurte au porte-parole des résidents, Michel (Jean-Paul Bordes) qui, désespéré de ne voir rien avancer, coordonne une grève des charges. Ce mouvement tombe au plus mauvais moment : la rénovation des Bernardins ne sera certainement pas retenue dans le projet « quartiers » du Grand-Paris si les charges ne sont pas payées.

 Les promesses arrivent à leur heure de vérité. Clémence a promis à Naidra qu’elle lui succéderait, mais elle a soudain peur du vide. Clémence et Yazid ont promis aux habitants de rénover leur cité, mais les chances de réussite sont minces, malgré l’assurance qu’ils affichent.

 Thomas Kruithof et son co-scénariste Jean-Baptiste Delafon se sont longuement documentés auprès de maires de la banlieue de Paris. Leur film les décrit tiraillés entre leurs administrés, qu’ils connaissent souvent par leurs prénoms, et « Paris », dont ils dépendent pour leur financement, sous ses deux volets : les ministères et les partis politiques.

 Le film est mené comme un thriller, avec une accélération progressive jusqu’au rythme haletant de la course contre la montre finale, entre attribution des subventions et investitures.

 Isabelle Huppert est convaincante dans le rôle d’une femme politique chevronnée qui hésite à raccrocher. Réda Kateb est admirable dans celui d’un lutteur combattant jusqu’à l’épuisement pour le salut de sa cité. Il est aussi drôle lorsque, dans un dîner-traquenard auquel Clémence a invité le chef de son parti pour lui annoncer qu’elle renie sa promesse de se retirer au profit de son adjointe, il raconte l’histoire d’Alice Palmer. Cette histoire est tirée des mémoires de Barak Obama. Sénatrice de l’Illinois, Alice avait promis à Barak de se retirer en sa faveur. Elle avait renié sa promesse, comme Clémence, en somme. Barak Obama avait été élu.

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