Tout passe

À l’heure où la Russie étouffe de nouveau sous la chape de plomb d’un régime dictatorial, « tout passe », ouvrage écrit par Vassili Grossman en 1963 retrouve une étrange actualité. J’ai lu ce texte dans la traduction de Jacqueline Lafond, éditée par Calmann-Lévy.

Le 5 mars 1954, il y  a soixante-dix ans, « Staline mourut sans qu’aucun plan l’eût prévu, sans instruction des organes directeurs. Staline mourut sans ordre personnel du camarade Staline. » Le procès des « blouses blanches », ces médecins accusés d’avoir voulu assassiner des hauts dignitaires du régime, ne se tiendra pas, et ce qui s’annonçait comme un gigantesque ratissage antisémite sera évité. Continuer la lecture de « Tout passe »

Drive my car

Arte TV a récemment programmé « Drive my car », film du réalisateur japonais Ryüsuke Hamaguchi (2021), dans lequel le montage de la pièce « Oncle Vania » de Tchékhov fait écho aux douleurs enfouies des protagonistes.

Comme l’indique le titre du film, une automobile y joue le rôle d’un personnage majeur. Il s’agit d’une Saab rouge à conduite à gauche, ce qui détonne dans la circulation japonaise. Elle est la propriété de Yüsuke Kafuku (Hidetoshi Nishijima), un metteur en scène de théâtre connu. Elle constitue un marqueur de son identité depuis une quinzaine d’années. Continuer la lecture de « Drive my car »

Mort d’un président

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du président Georges Pompidou, survenue le 2 avril 2014, La Chaine Parlementaire LCP a diffusé « Mort d’un président », film réalisé par Pierre Aknine en 2011 avec Jean-François Balmer dans le rôle du président.

 Le film s’ouvre sur la rencontre en avril 1973 à Reykjavik du président français et de son homologue américain Richard Nixon. Pompidou (Jean-François Balmer) peine à descendre la passerelle. Il apparait bouffi. Un journaliste témoin de la scène commente « votre président est mourant ». Le reporter de l’ORTF est sommé de rentrer illico à Paris et d’éliminer les gros plans. Continuer la lecture de « Mort d’un président »

Azincourt par temps de pluie

Dans « Azincourt par temps de pluie » (Mialet Barrault, 2022), Jean Theulé raconte à sa façon la bataille d’Azincourt, le vendredi 25 octobre 1415, dans lequel l’armée du Roi de France fut décimée par les Anglais d’Henry V. « Toutes les armées du monde ont, un jour ou l’autre, pris la pâtée, écrit Theulé, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s’impose : grandiose ! »

 Débarquée à Harfleur, l’armée du roi Henry V tente de rejoindre Calais pour revenir en Angleterre. Elle est affamée, épuisée par une gastroentérite contractée par l’’absorption de moules avariées, inférieure numériquement à l’armée française qui lui barre la route du retour. Sa seule force : un corps d’archers capables de tirer une flèche toutes les cinq secondes. Continuer la lecture de « Azincourt par temps de pluie »