Cinéma23 mars 20220Claire Andrieux

Arte TV a récemment diffusé « Claire Andrieux », téléfilm d’Olivier Jahan (2019) dans lequel une femme voit la carapace qu’elle s’est forgée pour se protéger se fissurer et finalement craquer.

 Claire Andrieux (Jeanne Rosa) est une femme dynamique, agent immobilier dans une bourgade de Bretagne. Âgée d’environ quarante ans, célibataire assumée, elle adore les enfants, les garçons de sa sœur comme la fille de sa meilleure amie.

 Un régisseur de cinéma, Bruno (Thomas VdB) vient en repérage pour trouver une maison où sera tourné un film. Il est attiré et intrigué par cette femme habituellement enjouée mais dont le regard semble parfois brièvement absent, dont la phrase fétiche est « allez zou ! » comme s’il fallait sans cesser passer à autre chose.

Claire est bouleversée par la rencontre avec Bruno, mais quand celui-ci lui propose de dîner avec lui, sa réaction est négative et violente. Pourtant, lorsqu’elle rencontre son amie Éléanore (Emma de Caunes), elle lui annonce qu’elle a rencontré quelqu’un – et elle enchaîne comme si cette information ne faisait qu’une avec cette rencontre « j’ai été violée par un oncle quand j’avais douze ou treize ans. »

 La tempête fait rage dans la tête de Claire. La carapace qu’elle s’est forgée pour tenir à distance les fantômes du passé s’est transformée en carcan qui l’oppresse et la fait horriblement souffrir. Elle tient à Bruno des propos incompréhensibles, s’emporte contre son employé Gwendal (Michel Vuillermoz) et le licencie sur le champ.

 Claire, dont la voiture est l’outil de travail, perd son permis de conduire un soir de noce bien arrosée et doit se déplacer en cyclomoteur. L’un de ses neveux a subi un grave accident et est hospitalisé. Et puis elle se découvre vraiment amoureuse de Bruno, comme elle cabossé par la vie, ancien musicien, ancien alcoolique, ancien drogué, ancien homme marié. Pour Claire, l’heure de vérité a sonné.

 Olivier Jahan a trouvé le ton juste pour parler du drame de l’inceste, de ses ravages dans la vie de qui l’a subi, de la rédemption possible. J’ai trouvé son film beau, touchant, passionnant de bout en bout.

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