Religion9 novembre 20120L’Eglise Anglicane à la croisée des chemins

Jane Freeman, curé de Wickford. Photo The Guardian.

La désignation du successeur de Rowan Williams au poste d’archevêque de Cantorbéry, et donc à la tête de la Communion Anglicane, sera annoncée aujourd’hui dans une conférence de presse. Justin Welby devra faire face à une situation semblable à celle de l’Eglise Catholique en Grande Bretagne et plus généralement en occident : la désaffection des fidèles combinée à la raréfaction du clergé.

 Plusieurs facteurs devraient rendre la situation sociologique de l’Eglise Anglicane moins critique que celle de l’Eglise Catholique. Le rôle de prêtre y a les attributs d’un véritable métier, rémunéré par l’Etat, accessible à tous les croyants, hommes et femmes, permettant à ceux qui l’exercent de fonder une famille. Pourtant, comme l’écrit Andrew Brown dans The Guardian le 31 octobre, une réforme en profondeur est devenue indispensable.

 « Si la Chrétienté meurt en Angleterre, elle mourra d’abord à la campagne. Cela peut sembler paradoxal. Quand on pense à la Chrétienté anglaise, on pense aux églises médiévales qui se dressent au cœur de villages tranquilles. On peut penser que les parties les plus traditionnelles du pays vont s’accrocher aux voies traditionnelles telles que la Chrétienté. Mais les traditions sont largement mortes ; et les églises avec elles. »

 Brown cite le cas de la paroisse de Wickford, dans le comté de l’Essex, au nord-est de Londres. Ce fut un village ; c’est aujourd’hui une succession de maisons en bordure d’une nationale. Son église date des années 1960. « Elle pourrait contenir dix fois plus de fidèles que les 31 rassemblés aujourd’hui. Cinq peut-être avaient moins de 50 ans ; et huit étaient de sexe masculin ». Le curé, Jane Freeman, constate que la religion a été rendue inutile par le succès matériel et que les gens ont perdu l’habitude de la foi.

 Wickford est dans une situation intermédiaire entre la grande ville et le désert rural. « Dans les villes, dit Brown, la religion fleurit parce qu’elle offre  les bénéfices de la communauté. Dans les faubourgs, toutes sortes d’églises peuvent trouver une niche : dans la ville où je vis dans le nord de l’Essex, il y a des églises pour les Baptistes, les Quakers, les Catholiques Romains, les Méthodistes et une assemblée pentecôtiste dans la zone industrielle, ainsi que les Anglicans dont l’église pourrait contenir 1.000 personnes et en reçoit encore 170 un dimanche normal. »

 Dans les communes rurales, seule subsiste l’Eglise Anglicane, elle-même aux prises avec des difficultés considérables : moins de fidèles, des fidèles plus âgés, moins de prêtres, des charges financières considérables pour l’entretien des lieux de culte et le paiement des retraites du clergé. Malgré la résistance des habitants, qui voudraient conserver leur curé à demeure, l’avenir est peut-être dans la constitution d’équipes de prêtres nombreuses desservant un vaste territoire incluant des zones rurales mais aussi des villes.

 Le principal défi de l’Eglise Anglicane est la foi. « Ce qui maintient l’Eglise d’Angleterre en fonctionnement, conclut Andrew Brown, ce ne sont ni ses leaders, ni ses structures. C’est la foi du clergé en Dieu. Williams, malgré toutes ses erreurs, était aimé partout dans l’Eglise parce qu’il semblait partager et même illustrer cette foi. Le prochain archevêque devra y parvenir s’il veut inspirer ses troupes. Avoir les bons slogans ne suffira pas. »

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