Monde ArabeVoyages15 juin 20140Sidi Bou Saïd

Située à une vingtaine de kilomètres de Tunis sur un promontoire rocheux surplombant la Méditerranée, Sidi Bou Saïd est un village qui attire les touristes, à juste titre.

Sidi Bou Saïd est devenu le pôle d’attraction qu’il est aujourd’hui grâce à un homme, le Baron Rodolphe d’Erlanger, qui y est mort à l’âge de soixante ans en 1932. L’un des héritiers d’une famille de banquiers d’origine allemande mais actifs surtout à Londres et à Paris, il cultiva deux passions : la peinture orientaliste et la musique arabe. Pour soigner des problèmes pulmonaires chroniques, il s’installa en Tunisie en 1909. En 1915, il fit classer le site du village, à la condition que les maisons respectent un strict code couleur : façades blanches, portes et fenêtres bleues.

Le Palais Ennejma Ezzahra
Le Palais Ennejma Ezzahra

Le village est devenu grâce à lui un véritable bijou. Tassé autour de la mosquée, il offre un magnifique cocktail de couleurs à base de blanc (les façades), de rouge (les bougainvillées) et d’infinies nuances de bleu (les portes et fenêtres, le ciel, la mer…). Les rues sont parfumées de jasmin, mais aussi de menthe et de pâtisseries orientales. Lorsqu’on s’écarte du centre par l’escalier qui descend vers le port et la plage, on est vite révulsé par les détritus et la puanteur d’un égout qui, sans aucun doute, se jette directement dans la mer. La présence tout au long du chemin de jeunes venus flirter dans un espace qu’ils se sont réservés n’atténue guère l’impression de gâchis.

 Dans Sidi Bou Saïd, on visite deux palais splendides. Dar El-Annabi est une demeure typiquement arabe du dix-huitième siècle, naturellement décorée de bleu et de blanc. Elle accueillait ses propriétaires pendant l’été : on est frappé par l’ingéniosité des architectes qui, par des courants d’air, des fontaines, l’usage systématique du marbre, ont créé une oasis agréable à vivre par grandes chaleurs. La petite salle de prière est émouvante.

 C’est de nouveau au Baron d’Erlanger que l’on doit l’autre merveille de Sidi Bou Saïd, le Palais Ennejma Ezzahra ((l’étoile resplendissante), construit entre 1912 et 1922 dans un style inspiré de l’Alhambra de Grenade. Des artisans travaillèrent le marbre, le bois et le stuc pour réaliser un intérieur à la fois impressionnant et chaleureux. La dernière héritière du Baron en fit don à l’Etat tunisien, qui y a installé un centre des musiques arabes et méditerranéennes, avec une intéressante exposition permanente d’instruments de musique. Le Centre organisait début juin un festival de musique tunisienne. Le concert donné le 6 juin par Nabil Abdelmouleh (nây – flûte tunisienne – et composition), Mohamed-Ali Kammon (piano et composition), Wassim Ben Rehouma (basse électrique) et Lofti Soua (percussions) fut remarquable, par la qualité des morceaux composés et interprétés par le quartet et par la synthèse réussie de la tradition arabe et des sonorités modernes.

 Le Café des Délices chanté par Patrick Bruel est situé un peu à l’écart du village, sur un éperon rocheux offrant un beau panorama sur la mer. Plus typique est le Café des Nattes, dans lequel la majorité des consommateurs sont accroupis appuyés sur des coussins et fument la chichia (narguilé).

Sidi Bou Saïd
Sidi Bou Saïd

 

 

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