Cinéma28 février 20160Ma part du gâteau

France 2 a récemment diffusé « ma part du gâteau ». Dans ce film, réalisé en 2011, Cédric Klapisch imagine la rencontre entre une ouvrière licenciée et le trader qui a provoqué la fermeture de l’usine.

Steve (Gilles Lelouch), célibataire âgé de 35 ans, est trader dans une banque londonienne. Il est chargé d’implanter la banque à Paris, une étape vers de hautes destinées professionnelles. C’est un homme pressé, avide d’obtenir sa part du gâteau des milliards brassés par la finance, exempt de toute préoccupation éthique, convaincu que « tant qu’il y a de la musique il faut danser » et que, « si ce n’est pas nous qui profitons, d’autres le feront ». C’est aussi un séducteur qui multiplie les conquêtes mais ne se console pas de la rupture avec Mélodie (Raphaële Godin), la seule femme qu’il ait vraiment aimée.

France (Karine Viard) est mère de trois filles, divorcée, ouvrière dans une usine de Dunkerque. Lorsque celle-ci fait faillite et ferme, elle ne peut se résoudre à lutter avec ses camarades pour une indemnisation décente. Il lui faut travailler pour faire vivre la famille, coûte que coûte. Elle décide de monter à Paris où se propose une formation puis un poste de femme de ménage.

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France dans le monde de Steve

C’est au service de Steve que France trouve son premier poste. Or Steve se trouve confronté à un ennui majeur : son ex-femme lui laisse en garde pour un mois leur petit garçon. D’abord hostile et méprisant à l’endroit de la femme de ménage, il trouve peu à peu en France une mère de substitution pour son fils, une initiatrice en psychologie féminine capable de lui expliquer pourquoi sa relation avec la top-modèle Tessa (Marine Vacth) est vouée à l’échec, et même son accompagnatrice dans un dîner mondain.

L’histoire de Steve et France semble la répétition du conte de Cendrillon. La carapace du trader impitoyable se fissure et il devient amoureux de la femme du peuple pleine de dévouement et de bon sens. Mais la nature  – et les clivages de classe – prennent le dessus. Au fond, Steve méprise cette prolétaire qui lui a ouvert le chemin de la reconquête de Mélody. France de son côté apprend que ce sont les spéculations de Steve qui ont précipité le désastre de son entreprise et sa propre ruine, et elle ne rêve que de vengeance.

L’histoire que raconte Cédric Klapisch est invraisemblable. Mais « Ma part de gâteau » est l’un des rares films qui établissent le lien entre les pratiques du monde financier et les souffrances des gens du monde réel. C’est une belle métaphore, servie par d’excellents acteurs, avec un rebondissement final amer mais qui évite au scénario de glisser dans la guimauve.

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France dans son monde réel

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