Cinéma8 octobre 20230Anatomie d’une chute

Dans « Anatomie d’une chute », Palme d’or au Festival de Cannes 2023, Justine Trier et son coscénariste Arthur Harari proposent un passionnant thriller psychologique.

Sandra (Sandra Hüller) et Samuel (Samuel Theis), tous deux écrivains, se sont installés avec leur fils Daniel (Milo Machado Graner), âgé de onze ans, dans un grand chalet isolé des Alpes. Elle est Allemande, il est Français, ils ont vécu ensemble à Londres. Daniel est malvoyant depuis un accident survenu lorsqu’il avait quatre ans.

Samuel est retrouvé mort sur la terrasse de l’entrée du chalet. Les premières expertisent concluent qu’il a probablement chu d’une terrasse après avoir été frappé à la tempe avec un objet contondant.

Sandra est suspectée puis inculpée de meurtre. Tout semble en effet l’accuser. La veille de la chute, une violente dispute avait éclaté entre les conjoints. La vie commune devenait insoutenable. La chute était aussi celle du couple. Une autre dispute, plus violente, fatale, aurait-elle éclaté ?

Sandra comparait libre en Cour d’assise. Un autre scénario se dessine. Samuel se serait suicidé en se précipitant d’une fenêtre. L’avocat général (Antoine Reinhardt) s’efforce d’établir que Samuel n’était pas suicidaire et que sa femme était dans un tel état de rage qu’elle ne pouvait que désirer que son mari sorte définitivement de sa vie.

L’avocat de Sandra est Vincent (Swan Arlaud), un ami de jeunesse. Il cherche à convaincre les jurés que Samuel était rongé par la culpabilité de ne pas avoir empêché l’accident de Daniel, par la jalousie pour le succès littéraire de son épouse, par le sentiment de son propre échec.

Daniel demande à être entendu par la Cour. Il évoque une conversation en voiture avec son père. Dans un flash-back troublant, les paroles qui sortent de la bouche de Samuel sont articulées par lui.

Anatomie d’une chute est un film brillant, qui tient le spectateur en haleine et lui fait découvrir, peu à peu, les non-dits d’une relation conjugale empoisonnée par la jalousie, l’intériorisation de l’échec et une relation compliquée avec un préadolescent porteur d’handicap. Les acteurs, en particulier Sandra Hüller, sont remarquables, avec une mention spéciale pour Anne Rotger dans le rôle d’une présidente de Cour d’assise vibrante d’humanité.

Le procès occupe une bonne moitié du film. Justine Trier en dit : « C’est comme ça que fonctionne un procès : la vérité échappe, il y a un énorme vide et on n’a que la parole pour le combler. »

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