Cinéma13 mars 20240L’empire

Dans « l’empire », Bruno Dumont entraîne le spectateur dans le tourbillon d’une histoire burlesque où le Bien et le Mal s’affrontent dans un minuscule village du Boulonnais.

 Tout semble calme, pour ne pas dire léthargique, dans ce village composé de pavillons de périphérie urbaine dispersés autour d’une vieille église fortifiée. Les habitants sont taiseux, mais quand ils s’expriment, c’est avec un fort accent du terroir. Les sabots de forts chevaux blancs pèsent de tout leur poids sur le sol.

 Il y a pourtant quelque chose qui cloche. Des génuflexions devant la modeste baraque où vivent Jony (Brandon Vliege), sa mère et son tout petit garçon surnommé « le margat » ; l’ex-femme de Jony victime d’un improbable accident de la circulation et décapitée « à la Daech » ; la maire du village qui ne reconnaît pas ses administrés.

C’est que les forces galactiques du Bien et du Mal, respectivement commandées par la Reine (Camille Cotin) et Beelzebuth (Fabrice Lucchini) se sont incarnées dans des humains. Jony, rejoint par la belle Line (Lyna Khoudri) est l’incarnation du Mal ; Jane (Anamaria Vartolomei) et Rudy (Julien Manier) sont du côté du Bien.

 Une bataille apocalyptique va se livrer. Des Ovnis débarquent en nombre. Ceux du Bien comportent une église sur le modèle de la Sainte-Chapelle ; ceux du Mal un palais digne du roi soleil. Jony et Jane sont accueillis dans ces engins pour y recevoir des instructions dans une langue qu’eux seuls comprennent.

 

Le problème est que Jony et Jade ne s’identifient pas totalement à leur mission. Ils sont ennemis, certes, mais aussi humains de chair et de sang. Ils sont physiquement attirés l’un par l’autre. Et Line ne supporte pas d’être supplantée par Jane. Est-il possible que sur terre, le mal ou le bien l’emportent définitivement ? Ou bien chacun devra-t-il se faire à l’idée qu’ils coexistent en soi-même ?

 Ce qui est sûr, c’est que les gendarmes du village, interprétés par Bernard Pruvost et Philippe Jore, ne comprennent rien à ce qui se joue devant eux, ce qui constitue un ressort comique du film.

 « L’empire » suscite parmi les spectateurs des réactions opposées. Certains le considèrent comme un film génial, d’autres comme nullissime. Je suis, en ce qui me concerne, d’accord avec la critique publiée dans la gazette du cinéma Utopia : « La Guerre des étoiles sur la côte d’Opale, façon Bruno Dumont, c’est un petit bijou dadaïste, autrement dit déjanté et subversif, qui fait un bien fou aux neurones ! »

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