Niki

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Céline Sallette a choisi pour sujet la douloureuse émergence comme artiste de Niki de Saint Phalle entre 1952 et 1961.

Lorsqu’elle arrive des États-Unis à Paris en 1952, Niki (Charlotte Le Bon) a tout pour être heureuse : un mari poète, Harry Matthews (John Robinson), qu’elle aime et dont elle est aimée ; une ravissante petite fille ; un métier de mannequin qui rend hommage à sa beauté.

Mais une douleur la ronge de l’intérieur, quelle révèlera tardivement dans son livre « mon secret » : le viol par son père lorsqu’elle avait onze ans. Niki se sent menacée, sous son lit elle a amassé une véritable armurerie. Elle est hospitalisée en psychiatrie, soumise aux électrochocs. En voyant un malade peindre, elle se sent prise de passion pour les couleurs et pour les formes. « J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie », écrira-telle plus tard.

Niki retrouve une apparence de santé, met au monde un garçon, dispose maintenant d’un atelier où elle peut réaliser ses créations. Mais lorsque son amie Eva Aeppli (Judith Chemla) lui susurre que la peinture n’est pour elle qu’un passe-temps de femme à la maison, elle plaque tout, maison, mari, enfants pour vivre sa passion à Paris, avec les artistes du néo-réalisme.

La séparation est douloureuse, mais la douleur est le carburant de son aventure artistique : douleur du viol subi dans l’enfance, douleur du déni de ce viol par son médecin, douleur du prix à payer pour devenir enfin une femme libre, aux côtés du compagnon qu’elle choisit, l’artiste Jean Tinguely (Damien Bonnard).

Céline Sallette n’a pu obtenir les droits d’image des œuvres de Niki de Saint Phalle. Le spectateur est donc placé dans la position de l’œuvre en train de se faire et observe l’artiste au travail. « Ce qui m’intéressait, dit la réalisatrice, c’était de voir Niki se métamorphoser et le point de vue de l’œuvre me semble tout à fait approprié. Il ne s’agissait pas de savoir ce que le spectateur pouvait penser des œuvres elles-mêmes, mais de voir l’artiste aux prises avec sa création, au plus près, dans sa catharsis ». L’interprétation de Charlotte Le Bon est remarquable.

 

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