CinémaReligion16 juillet 20180Sous le silence de Satan

Arte TV a récemment diffusé « Sous le soleil de Satan », film de Maurice Pialat qui obtint une palme d’or controversée à Cannes en 1987.

« Sous le soleil de Satan » est adapté d’un roman éponyme de Georges Bernanos. Les dialogues sont directement inspirés du livre, ce qui, outre une distance temporelle, diffuse un sentiment de désajustement : les personnages principaux, l’Abbé Donissan (Gérard Depardieu) et Mouchette (Sandrine Bonnaire) sont censés être du peuple, mais ils s’expriment dans un français relevé.

L’Abbé Donissan commence sa vie de prêtre rongé par le doute. Il n’a pas brillé dans les études, et se sent ignorant des choses de la foi. Il est sans cesse dans la crainte de servir Satan plutôt que Dieu. Il s’inflige de cruelles mortifications corporelles.

Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire

Le curé dont il est le vicaire, Menou-Segrais (Maurice Pialat lui-même) tente de calmer son anxiété et d’utiliser, au service de l’Église et de Dieu, son désir éperdu de sainteté. Mais une nuit, perdu sur un chemin des Monts du Boulonnais, Donissan rencontre le diable en personne, sous l’apparence d’un maquignon (Jean-Christophe Bouvet). Celui-ci, en lui baisant la bouche, lui transmet un don de clairvoyance : il lit en chaque personne, sans qu’il soit besoin d’échanger des paroles, la vérité de son être.

Donissan révèle ainsi à Mouchette, jeune amante de deux personnalités du village, qu’il connait la vérité sur le meurtre qu’elle a commis. Après que Mouchette s’est suicidée, il porte son corps agonisant devant l’autel de l’église.

Après ce scandale, l’abbé est exilé dans un petit village. Mais sa réputation de thaumaturge des âmes et des corps ne tarde pas à attirer les foules.

Le Donissan de Bernanos et Pialat ressemble à s’y méprendre à Jean-Marie Vianney, le saint Curé d’Ars. Il a le même sentiment d’infériorité et d’ignorance ; la même obsession des agressions du diable ; le même don de voyance qui attire à son confessionnal des milliers de pénitents ; la même réputation de faire des miracles ; le même charisme de prédicateur sans fonds doctrinal mais doté d’une forte capacité émotionnelle.

« Sous le soleil de Satan » est un film difficile d’accès. Trente ans après, il n’a pas vieilli. Il mérite qu’on le découvre ou qu’on le revisite.

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