ActualitéJusticeTélévision12 février 20160Détenues

France 2 a récemment diffusé un documentaire de Marie Drucker, « détenues ».

Les acteurs du monde pénitentiaire se plaignent parfois de l’indifférence de l’opinion. Le documentaire de Marie Drucker a pourtant rassemblé, à 23 heures un soir de semaine, une audience de plus d’un million et demi de téléspectateurs.

La réalisatrice a visité régulièrement, pendant un an et demi, cinq femmes condamnées à de lourdes peines dans un centre de détention. Le contraste avec une maison d’arrêt est frappant. Les locaux sont propres et bien tenus. L’atelier est spacieux. Les détenues circulent librement dans les locaux pendant la journée.

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Betty, Danièle, Edith et Françoise ont en commun d’avoir été condamnées à de lourdes peines (l’une d’entre elles à perpétuité) pour un assassinat ou une tentative d’assassinat qu’elles ont commis. Il ne s’agit pas de professionnelles de la délinquance, mais de personnes qui, un jour, ont « pété les plombs ». Elles regrettent ce qu’elles ont fait, ne se consolent pas de l’impossibilité de revenir en arrière, et de rendre à la vie et à leurs proches ceux dont elles ont ôté la vie. L’horizon de leur vie est obstrué par les murs, elles en arrivent à oublier ce que c’est que d’avoir du bonheur.

Il y a Betty, qui confesse qu’elle est entrée en détention alors que dans sa tête elle était encore un bébé ; elle dit qu’elle a mûri en prison, qu’elle s’est reconstruite. Mais Françoise, en prison depuis si longtemps qu’elle « fait partie des murs », plonge dans un profond désespoir lorsqu’on lui signifie que la Garde des Sceaux a refusé de commué sa peine à perpétuité en peine à temps. Elle menace de se suicider, mais supplie qu’on ne la place pas sous surveillance : les rondes nocturnes pour s’assurer qu’elle est en vie seraient insupportables.

Quel est le sens d’une longue peine ? C’est dans les premières années que s’offre aux détenues la possibilité de faire un travail sur soi, de changer pour le meilleur. Lorsque l’absence de futur obscurcit totalement leur vie, la dégringolade commence. La prison, dont l’un des objectifs est de permettre aux détenues de se remettre en selle, faillit alors à sa mission.

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