Justice8 décembre 20160Halden, « prison humaine »

L’Ambassade du Danemark a récemment organisé une conférence sur l’architecture carcérale.

La prison de Halden, en Norvège, est considérée comme « la plus humaine » au monde. Ouverte en 2010, elle a été conçue par le cabinet d’architectes danois Erik Møller. Elle a une capacité de 250 places et accueille, sous une sécurité maximum, des détenus réputés dangereux.

Ce qui fait l’originalité de cette prison, c’est la priorité donnée à la réhabilitation des détenus. Le châtiment existe bel et bien : c’est la privation de liberté. Mais tout est fait pour que les pensionnaires puissent se projeter dans la vie normale, celle qu’ils devraient avoir lorsqu’ils seront libérés.

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Un grand soin a été apporté à la création d’espaces communs où une vie sociale puisse se développer : ateliers, salle de sport et terrains extérieurs, salle de spectacle et de cultes, restaurant, cafétéria.

Les cellules sont regroupées dans des blocs d’habitation de deux niveaux. Elles sont individuelles, confortables, équipées d’un mobilier clair, d’une douche et d’un WC. Il n’y a pas de barreaux aux fenêtres : une fenêtre de verre incassable laisse passer la lumière ; il est possible d’ouvrir une fenêtre étroite pour aérer. De nombreuses œuvres d’art sont disposées dans les locaux communs.

Dans l’enceinte de la prison, on a laissé des arbres, ce qui maintient un contact quotidien avec la nature. Il y a naturellement aussi un jardin floral et potager.

Le coût de construction a été de 1,5 milliards de couronnes norvégiennes, soit environ 170 millions d’euros. Rapporté à 250 places, cela revient à 680.000€ par place, à comparer avec le coût d’une construction d’une prison en France : 180.000€ par place pour une prison de 342 places (source : rapport Raimbault sur l’encellulement individuel).

En Norvège, des voix se sont naturellement élevées contre cet investissement dans une « prison cinq étoiles », offrant aux détenus des conditions de vie que beaucoup de travailleurs envieraient. Ils les envieraient, si ce n’est le mur de béton de 6 mètres de hauteur et 1,4 kilomètres de circonférence, équipé de surveillance électronique, qui les enferme dans un espace clos. La philosophie de cette prison est qu’elle doit le plus possible ressembler à un village, dans la perspective d’une vie honnête après la sortie.

Un ancien fonctionnaire du ministère français de la justice, responsable du parc immobilier en 2007 et à ce titre de la réception de 700 nouvelles places de prison, est venu à la conférence témoigner de son expérience. Il raconta qu’un ancien ministre de la justice avait décidé d’un trait de plume que les cellules des prisons à construire n’auraient qu’une surface de 8,5m² au lieu de 10,5m². Il n’y avait dans sa décision aucune rationalité économique ; il ne prenait nullement en compte le fait que, très probablement, les cellules avaient vocation à héberger deux, voire trois, détenus. Il avait simplement observé que les chambres d’étudiants dans les cités universitaires étaient prévues pour 9 m². Les détenus, selon lui (ou elle), méritaient moins.

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La salle de cultes et de spectacles

L’intervenant évoqua des innovations qui, en France, contribuent à faire baisser le niveau de violence en prison :  les unités de vie familiale ; l’effort pour insonoriser les bâtiments nouveaux ; la levée de l’interdiction des végétaux dans les espaces découverts ; la recherche de techniques nouvelles pour que la lumière pénètre mieux, tout en prévenant le « yoyotage » (la transmission d’une fenêtre à l’autre de paquets au bout d’une ficelle).

La prison de Halden représente certainement un état avancé de l’architecture pénitentiaire, si avancé qu’il est probablement inatteignable en France compte-tenu de l’état des finances publiques et de l’état d’esprit de l’opinion. Du moins a-t-elle le mérite de montrer que des progrès sont possibles pour rendre les établissements pénitentiaires moins hostiles à un retour pacifié dans la société.

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